La pédagogie

ÉLÉMENTS PÉDAGOGIQUES

Mon approche pédagogique repose sur les règles de Mestre Bimba, les fondements de la capoeira regional transmis par mon Mestre et les 3 valeurs précédemment énumérées.

Voici un rappel des 9 règles de l’académie de Mestre Bimba:

1.     Ne fume pas. Il est interdit de fumer pendant les entrainements. Et il vaut mieux éviter de fumer en dehors.

2.     Ne bois pas. La consommation de l’alcool nuit au métabolisme musculaire.

3.     Évite de montrer tes progrès à tes amis hors de la roda de capoeira. Rappelle-toi que la surprise est la meilleure alliée dans un affrontement. Il vaut mieux garder ses progrès secret pour en réserver la surprise lors des roda.

4.     Évite de parler pendant le cours. Tu paies le temps que tu passes à l’académie, et en observant les autres lutteurs, tu apprendras plus. Il est important de respecter le professeur et les autres élèves en évitant de se disperser. La concentration permet d’éviter les accidents. Le fondement du progrès, c’est d’être focalisé sur ce que l’on essaie de faire lorsque l’on doit le faire. Il ne s’agit pas de multiplier le nombre de cours par semaine (même si plus on pratique, plus vite on progresse). Il s’agit d’essayer de maximiser l’investissement lors du cours pour en tirer le plus de bénéfice possible, se sortir de son habitude, se laisser imprégner par la pratique, la vibration, le geste à produire.

5.     Cherche toujours à faire la ginga. La ginga, c’est la base de la capoeira. Il faut toujours chercher à bien la maîtriser.

6.     Pratique quotidiennement les exercices fondamentaux. Dès que tu peux, répètes les exercices de bases (ceux que tu peux faire tout seul, pas ceux où la présence de ton professeur est indispensable).

7.     N’aie pas peur de t’approcher de l’adversaire. Plus proche tu te maintiens, mieux tu apprendras. Il est important de jouer avec son partenaire, de ne pas s’enfuir.

8.     Garde toujours ton corps relâché. Reste bien relâché.

9.     Il vaut mieux prendre un coup dans la roda que dans la rue. Il vaut mieux avoir un accident pendant le cours (sous le contrôle du professeur) que seul dans sa chambre ou dans la cours de récréation).

TROIS VALEURS ESSENTIELLES

Mes trois valeurs essentielles le RESPECT, l’EFFORT et la PAIX trouvent leurs traductions cours après cours.

Le RESPECT est fondamental.Il se traduit par:

– le Respect des HORAIRES des cours. Par principe, les horaires des cours ne varient pas. Les annulations sont EXCEPTIONNELS.

– le Respect des PRATIQUANTS et entre pratiquants. Les individus sont acceptés avec leurs particularités. Les cours sont strictement mixtes (homme / femme; doué / emprunté; adulte / enfant; extraverti / timide). Les valeurs mises en avant sont strictement laïcs.Pour renforcer la CONFIANCE en SOI les discours négatifs sont prohibés.A chaque cours, je prends en compte de l’état de forme et la motivation des élèves pour adapter le contenu des séances. L’objectif étant de renforcer la CONFIANCE en SOI, les discours négatifs sont prohibés. Les forts sont responsables des plus faibles car c’est grâce à la dynamique du groupe que tout le monde progresse. Il s’agit de permettre à l’individu de s’épanouir dans un cadre, dans un groupe, sans le soumettre.

– le Respect des locaux mis à disposition.

L’EFFORT est exigé des pratiquants.

Parce qu’il s’agit d’un art martial, d’une activité physique qui implique des mouvements pas forcément naturels, un investissement durable est exigé. Les progrès demandent des efforts continus, une assiduité et l’acceptation de l’échec aux premiers essais. En se confrontant à la difficulté, le pratiquant développe l’estime de lui-même, son autonomie  et ses capacités à continuer à progresser.

La PAIX est le BUT.

Certes, on échange des coups pieds, on essaie de « piéger » son adversaire, on pratique un art martial. Mais il est fondamental de noter que la PAIX est une force. Le but de la capoeira c’est de libérer l’homme.

A l’époque, l’esclave préparait sa fuite. Aujourd’hui, il équilibre sa vie, interagit avec son environnement, s’ouvre à la différence et joue. Le but, ce n’est pas de gagner le prochain championnat. Il s’agit de trouver de nouvelles parades, de nouveaux mouvements, de nouvelles émotions pour s’amuser.

Le baptême / Le passage de cordes

L’effort du pratiquant est couronné, en principe annuellement au moins pour les premiers niveaux, lors d’une fête enthousiaste.
On parle de Batizado, de Troca do corda, ou des deux.
Initialement, le Batizado désignait le premier du pratiquant néophyte. Dans l’académie de Mestre Bimba, les postulants devaient passer quelques épreuves dont le succès démontrait leur capacité à suivre l’enseignement.
La capoeira contemporaine a fait du « Batizado e troca dos cordas » une fête annuelle au cours de laquelle on fige l’appelido des nouveaux pratiquants et on valide les progrès de tous par le passage d’un nouveau grade, symbolisé par une corde de couleur (à l’image des ceintures des arts martiaux asiatiques).
A ce sujet, j’ai été surpris (sidéré) par l’impact de cette corde sur mes étudiants.
« La corde est le mérite que tu me donnes pour ces années au cours desquelles je me suis amélioré. […] Presque tout le monde m’a dit que je ne méritais pas d’être remerciée de cette façon et je suis d’accord. […] J’ai encore beaucoup de mal à m’en remettre. »
Avant, je disais froidement que ce n’est pas la corde qui joue, que la corde ne signifie rien.
Je me méprenais : la corde est importante. Et cette importance que mes élèves lui donne me touche. Et quand un élève me déclare qu’il ne veut pas passer de corde, qu’il est prêt à s’entraîner 5 années sans prendre au part au Baptême, je dois avouer ma grande frustration.
Être professeur, c’est compliqué. C’est un peu comme être le parent d’une famille nombreuse. Donner à chacun ce dont il a besoin plutôt que donner à chacun la même chose. Consoler l’un sans froisser l’autre. Rester à l’écoute de la critique. Renoncer aux sarcasmes. Se tenir au niveau, travailler, renouveler, surprendre, s’ouvrir pour garder l’intérêt des cours pour les nouveaux et les anciens.
Il faut gérer tout le monde et gérer chacun (chaque un).
Voir le chemin de chacun, la passion, l’investissement, le courage, l’avenir au-delà des facilités et du « style » plus ou moins flamboyant.
Regarder chacun comme un individu unique, sans le comparer, sans le minorer, sans le normaliser.
S’attacher à voir la persévérance, la consistance, la conscience et assurer chaque élève qu’il est vu, apprécié, considéré à sa juste valeur.
Et essayer de faire comprendre que la corde n’est pas tout, mais que la corde n’est pas insignifiante, qu’elle récompense un niveau de jeu, des efforts, de la persévérance, un potentiel, une attitude, … tellement de choses a priori indicibles.
Et essayer de faire admettre que même le professeur est faible, que parfois l’essentiel lui échappe, et qu’il a besoin d’être houspillé, challengé, « contesté » de temps en temps pour corriger le cap.

Système officiel de remise des diplômes unifié

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